Petit coup de blues ce soir, mais ça va mieux maintenant. Je voudrais déjà remercier une amie pour la discussion, le coup de teléphone, et ça de Régis de Sa Moreira je crois : "Qu'il la laisse simplement s'en aller relevait de son intelligence et non de sa connerie. elle avait besoin de ce départ. il ne pouvait qu'espérer qu'elle le trouve quelque part où il n'était pas."
D'ailleurs, ma chanson pourrie du jour qui m'est venue en tête, je ne sais comment, c'est ça. http://www.youtube.com/watch?v=-6g-Vh4vcD0&feature=autoplay&list=QL&index=1&playnext=20 (Par contre, je ne l'assume pas vraiment)
Pas encore vraiment commencé, le meilleur des mondes, mais je sens déjà que je vais beaucoup aimer ce livre. Déjà pour l'épigraphe je crois, que je vais retranscrire ici :
« Les utopies apparaissent bien plus réalisables qu’on ne le croyait autrefois. Et nous nous trouvons actuellement devant une question bien autrement angoissante : comment éviter leur réalisation définitive ?… Les utopies sont réalisables. La vie marche vers les utopies. Et peut-être un siècle nouveau commence-t-il, un siècle où les intellectuels et la classe cultivée rêveront aux moyens d’éviter les utopies et de retourner à une société non utopique moins « parfaite » et plus libre. »
C'est quelque chose qui me parle tellement. Il n'y a pas grand chose qui me rebute autant que de vouloir réaliser une utopie. Cette idée de vouloir partir d'un concept et de vouloir y accoler la réalité. De partir d'une idée aussi belle soit elle, et de croire qu'on pourra la faire venir dans le monde, et ainsi atteindre le "Bonheur". La recherche d'une certaine "immortalité"... ou comment se voiler la face. Il me semble tellement plus sensé, de partir de la réalité, de ce qui est, puis ensuite à la limite d'essayer de le modéliser à travers des idées, des concepts ou bien ne seraient-ce que des mots, j'ai envie de dire pourquoi pas, mais à conditions de ne pas oublier que ceux-ci ne sont qu'une transcription très très imparfaite de la réalité. Un modèle qu'on emploie, parce qu'il est pratique. Parce que ce qu'il crée, ce qu'il permet de faire est quand même intéressant, mais qui ne reste malgré tout qu'un modèle assez éloigné de la réalité. Tout comme en Physique, ou en Chimie, tous les modèles qui servent à calculer les choses, ont une utilité certaine mais ne constituent en aucun cas un gage de vérité, ou ne peut répondre à la question pourquoi c'est comme ça. Que ce n'est quelque part, qu'un empirisme parmi tant d'autres.
Par exemple, si les lois de la gravitation de Newton, ou même la relativité d'Einstein sont des avancées considérables, permettent d'anticiper ou d'expliquer tout un tas de phénomènes naturels, on n'a toujours pas de réponse à pourquoi la gravité? Pourquoi l'espace temps ne pourrait-il pas ne pas se déformer? On n'a toujours pas la moindre indication sur le sens des choses, toujours pas d'information sur la nature interne des choses, au fond, j'ai envie de dire que quelque part, on n'en sait toujours pas plus qu'aux époques antiques. Et probablement n'aurons nous jamais de réponses, tout du moins au cours de notre séjour sur cette Terre. Et que l'erreur à mon avis, serait de croire que parce qu'on a ces explications on connait les choses. Je ne pense pas que ce soit le cas. D'oublier qu'on n'a affaire qu'à des modèles, des abstractions, certes intéressantes, et permettant d'agir aussi dans le monde réel, mais qui ne constituent pas une connaissance de la réalité. (Note pour moi, faut absolument que je lise le réel et son double de Clément Rosset). Et tout ça pour en revenir au langage, aux mots, qui pour moi ne sont quelque part qu'une modélisation de ce qu'on est, de ce qu'on ressent, un outil bien imparfait, même si il a son charme. J'apprécie d'ailleurs pas mal l'ironie d'utiliser des mots pour essayer d'exprimer cela. Et c'est pour cela que je ne supporte pas la volonté de rendre réelle une Utopie, une Idée, car il me semble que quoiqu'on fasse, quoiqu'il arrive, on renie nécessairement une partie de la réalité (Et oui, je sais bien que de parler de la réalité, comme un concept, c'est s'éloigner de cette réalité justement).
Ce qui me ramène à quelque chose que j'ai énormément apprécié dans 1984 au delà de la fameuse critique des totalitarismes... dont je suis passé à peu près totalement à coté, si ce n'est au niveau du soi-disant arrêt de l'Histoire, de la pseudo-croyance en l'immortalité du parti, en l'éternité de Big Brother... Ce que j'ai adoré, c'était la puissance de la double pensée, de cette capacité qu'on peut avoir à faire des liens entre des choses apparemment contradictoires, (ahah, je viens de donner la main à mon chat), cette manière dont les contraires peuvent se marier entre eux en quelque sorte. Ou comment toutes les choses ont en elles leur propre fin j'ai envie de dire. Ou comment le coté éphémère de quelque chose peut lui donner sa valeur, alors que d'un autre coté, ça peut aussi lui en enlever. Il est vraiment étrange ce monde. A la fois, toujours le même et toujours changeant. Comment on peut oublier des choses, ou comment elles ne peuvent n'être présentes qu'au moment où on en a besoin, les utiliser en sachant qu'on en a besoin, puis j'ai pas envie de dire disparaitre, parce que je crois que chaque chose que l'on fait participe de notre construction.
Tiens, ça me fait passer à cette chanson de Shurik'n :
Mais quand même cette possibilité parfois aux choses à venir au devant de nous quand on en a besoin. Mais parfois c'est le contraire. Comme ce retour à Toulouse je crois.
Ça me fait du bien de rentrer, de quitter la pression de la région Parisienne, de "glander" un peu, enfin, glander pas tant que ça, parce que c'est pas non plus comme si je perdais mon temps. Mais de me retrouver dans cet endroit que je connais, sans pression, à juste faire les choses comme je le sens, à pouvoir, juste parfois sentir l'air, sentir le soleil sur ma peau, ressentir le monde quelque part. Enfin, c'est assez étrange, mais je sais que c'est quelque chose dont j'ai toujours eu besoin, de ces moments, où c'est comme si je pouvais tout d'un coup poser un fardeau, et juste laisser les sens ressentir. Un peu comme ce qui s'est passé samedi dernier quand je suis allé me poser quelques heures à coté de la Seine, ou ces moments à Fermat, où parfois (je ne m'en suis malheureusement rendu compte qu'à la fin), j'allais juste me poser au bord de la Garonne, et d'avoir le regard qui se fixe quelque part, d'avoir comme si les sens s'éveillaient, comme si je quittais le monde, mais qu'en même temps, j'étais connecté à ce qui m'entoure. Avec le cerveau qui à la fois s'arrête, et même temps, c'est un peu comme si il travaillait en arrière plan. Ces moments, où c'est comme si je sais pas, je me laissais juste aller à être quelque part, où c'est comme si je faisais la paix avec moi-même, où je m'arrête, je me pose. Ces moments si précieux, où je peux juste apprécier d'être en vie.
C'est étrange d'ailleurs, car en même temps que je me sens en vie, je me sens souvent mort en même temps. Encore un preuve de ces pseudos-contradiction. Plus je meurs quelque part, plus je suis en vie. Tellement l'impression d'être mort pour moi, cette capacité que j'ai à me réjouir de la joie des gens. C'est un cadeau formidable, une force pour se relancer assez incroyable, et en même temps un piège impitoyable, un moyen de s'oublier d'être nié, de retourner au néant, de se vider complètement, de ne plus exister par soi-même. Un putain de cadeau empoisonné. Et en même temps, une des plus belles choses en moi. Cette phrase de Frodon à la fin du Seigneur des Anneaux qui me vient parfois, ce :
"On nous a envoyé sauver la Comté Sam, et elle a été sauvée. Mais, pas pour moi..."
C'est probablement comme ça que je finirai, enfin je n'en sais rien, mais c'est une intuition que j'ai depuis un bon moment. Si c'est mon destin, c'est loin d'être le pire, mais je crois qu'il y a encore du chemin avant d'y arriver. Bon du coup, je suis reparti dans mes histoires à la con dans ma tête, je crois que je vais m'arrêter ici pour aujourd'hui.
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