Ah mon cher Antoine, mon cher Antoine de Saint Exupéry, une nouvelle fois, il me semble que tu avais raison, quand au début de Terre des Hommes, tu plaignais ces pauvres populations de bureaucrates qui ne connaissaient rien, qui ne comprenaient pas ce qui leur manquait, et qui n'était rien d'autre que le goût de l'aventure. Cependant, je diffèrerai de toi sur un point, c'est que l'aventure ne nécessite pas forcément le voyage. Je crains malheureusement qu'aujourd'hui le genre d'aventure d'exploration du monde... ne soit plus vraiment possible. Et il me semble que l'aventure, on peut la trouver dans les endroits les plus inattendus, pour peu qu'on se donne la peine de voir les choses ainsi. Aventure exploration, aventure humaine, mouvement, repos, dangers auxquels on fait face, peurs, blessures, guérisons, cicatrices... Quand je vois tout ce que recouvre ce mot d'aventure, je me rends compte que c'est quelque chose qu'on peut trouver partout et que quelque part c'est juste ça la vie, l'aventure, le charroi qu'elle crée, les sacrifices qu'elle impose et qu'elle permet, l'exaltation qu'elle provoque, et donc le sens qu'elle donne aux choses, les découvertes qu'elle permet, à la fois sur soi, et sur les autres, cette capacité qu'elle a nous montrer face à nous même, à nous confronter à nos peurs, à nos envies, à nos rêves, et à la réalité. Mais qu'importe après, la réussite ou l'échec, le bonheur, ou malheur qu'elle provoque, qu'importe le temps qu'elle dure, qu'importe ce qu'on sacrifie pour la vivre, qu'importe les souffrances, si l'aventure est belle. Car ces souffrances, ce qu'on échange contre cette aventure lui donne justement de sa valeur de sa beauté, et si l'aventure est belle, quelle que soit sa fin, on peut alors la regarder avec ce sourire nostalgique, à moitié rêveur, goutter à l'enchantement de ces temps révolus, regarder ce qu'on a fait les erreurs les bon moments, avec ce regard d'amour, se dire, oui j'en ai bavé, oui il y a eu des moments difficiles, mais ce contre quoi ils ont été échangés le méritait. Le temple que j'ai construit était classe et puis il était mien, c'était moi.
Qu'est-ce que la vie, sinon une aventure ? Un temps à passer avant de mourir, et que faire de ce temps ? Quel est le but de l'aventure sinon elle-même ? Quel intérêt peut bien avoir une aventure si elle n'est pas vécue pleinement ? Vivre n'est-ce pas aussi construire cet ensemble de temples, différents, correspondants à des moments, des épreuves différentes, mais qui mis ensembles, vus de haut crée ce magnifique sanctuaire interieur.
Mais qu'est-ce que l'aventure, sinon s'affronter soi-même ? Se rencontrer, se découvrir ? Qu'est-ce que l'aventure sinon faire face à des épreuves ? Sinon aller chercher en soi des ressources jusque là inconnues ? Qu'est-ce quelque part, sinon s'apprivoiser et apprivoiser les autres, découvrir leurs forces, leurs faiblesses, leur solidité, leurs failles... Peut-être est-ce aussi ce que Nietzsche voit par se surpasser soi-même.
Mais partir à l'aventure, ce n'est pas s'oublier, ce n'est pas non plus se suicider. Ce n'est pas juste foncer dans le tas sans se poser de questions. Ça ne doit pas être non plus un prétexte pour faire n'importe quoi. Parce que dans une belle aventure, il y a toujours des moments plus calmes, des moments pendant lesquels il faut se préparer à affronter les épreuves, un moment où on jauge les forces en présence, où l'on s'assure que tous les participants ont bien envie d'y participer, car chacun est libre de choisir sa ou ses propres aventures, celles dans laquelle/lesquelles il a ou non envie d'aller.
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