Arriver au monde on ne sait pas pourquoi, pourquoi moi, pourquoi
aujourd'hui, pourquoi pas il y a 10 000 ans, pourquoi pas dans 10 000
ans. Pourquoi dans cette civilisation, et pas dans une autre, pourquoi à
ce point de l'espace et du temps? Pourquoi cette coïncidence? Pourquoi
faire?
Regarder les différentes réponses possibles, et se rendre
compte que quelque part, aucun des éclairages qu'elles apportent ne
répond réellement à la question. Qu'aucune de ces réponses n'a plus de
probabilité d'être vraie que les autres, que chacune ne définit qu'un
rêve. Se rendre compte que quelque part, chaque fois qu'on essaie d'en
suivre une on se retrouve face à un mur, face à un non sens, qu'il n'y a
quelque part pas de raison sur l'un plutôt que l'autre. Même si l'on
peut retracer les chemins.
Refuser toutes ces réponses, et plonger
dans la "noirceur", dans la brume, dans le vide existentiel, dans un
monde où tout est égal, où l'on n'a plus besoin de rêver, où l'on peut
se mettre en pilote automatique, où l'on peut dire non au monde
extérieur, où l'on n'est plus tenu par les conventions admises, où l'on
peut refuser nombre de suggestions émises du dehors.
Et arriver dans
un espace où l'on se retrouve seul. Seul avec soi-même. Un endroit où au
final, on peut apprendre à se connaitre, sans le regard des gens. Dans
un monde où l'on peut voir ses blessures, juste pour ce qu'elles sont,
sans culpabiliser, sans que tout le monde vienne y fourrer son nez,
vienne les réveiller, apprendre à la connaitre, à découvrir ce qui les
apaise, ce qui les réveille, pouvoir se dire, bon, elles sont là, mais
c'est pas grave. Pouvoir mettre à distance la sollicitude des gens, leur
envie de bien faire, parce que parfois, c'est ça qui fait mal aussi.
Apprendre à dire non aux rêves des autres, et à laisser les siens
propres se développer.
Apprendre aussi, à ne plus avoir peur de se
retrouver seul, à se rendre compte, qu'on peut faire plein de choses
sans personne. Apprendre aussi, à apprécier, et à être reconnaissant de
ce qui nous est donné, à se dire que rien n'oblige à donner ou à
recevoir, puis que des fois, c'est pas possible, à se dire que ça aurait
de toute façon aussi pu être rien, ou un coup de plus.
Comprendre,
que des fois, pour tout un tas de raison des fois, on n'a juste plus la
force de faire des choses qui étaient faciles avant. Que ce n'est pas
forcément grave, qu'on a aussi le droit d'avoir des moments de
faiblesse, que dans ces cas là, c'est plus honnête, plus respectueux,
plus sain, plus transparent de les admettre, de les dire, et de ne pas
s'en vouloir, car ils font partie de la nature humaine, et tout le monde
en a à un moment ou un autre, ils ne sont pas une honte. Supprimer les
bruits parasites, s'entendre, arriver à mettre à distance les envies des
autres.
Et puis, se rendre compte que c'est aussi un jugement de
valeur, que de ne pas vouloir de jugement de valeur. Se rendre compte
qu'ils sont aussi normaux. Se rendre compte qu'ils permettent aussi de
se décider sur ce qu'on veut faire. Se rendre compte qu'on peut exprimer
d'autres envies que la non envie. Se rendre compte que c'est un rêve
que de ne vivre que de rêves. Que c'est une illusion aussi que de penser
pouvoir tout refuser, qu'il est vain de se dire que tout est vain.
Qu'on peut aussi se réveiller de cette illusion/réalité de vide
extérieur, que malgré tout ce qu'elle peut apporter à un moment, ça
reste aussi illusoire que le reste. Que ça m'a mené à m'empêcher de
faire des choses dont j'avais envie, et qui n'auraient pas forcément été
mauvaises.
Bref en train de me dire que j'ai fait de la merde.
Enfin, "fait de la merde" c'est surtout que je commence à entrevoir des
solutions pour améliorer tout ça, et en sortir un peu.
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