mardi 20 novembre 2012

Affection, dépendance affective, relation paternelle

Putain, j'ai une pensée assez énorme qui vient de me passer par la tête. Je crois que c'est assez, important, va falloir que j'y réfléchisse. Mais, au niveau de l'affection, que je peux recevoir ou donner, j'ai parfois un certain problème. Disons, qu'en fait, du temps de mes études, mon père m'a mis quand même une assez grande pression pour que je les réussisse. Et je sais qu'il m'a répété plus d'une fois, que sans lui quelque part, je n'étais bon à rien. Bon, c'est quelque chose qui s'est quand même plus ou moins vérifié, c'est sur que c'est quand même plus facile quand il y a du monde à coté, en tout cas, de ne pas toujours se retrouver tout seul chez soi. Mais d'un autre coté, le moindre résultat pas bon, quand il était pas là était lié au fait que "j'étais un branleur qui avait besoin de coups de pieds au cul", que si il n'était pas là, la seule chose qui m'intéressait, c'était de ne rien faire, les échecs étant de ma faute, les réussites grâce à lui. Alors, c'est sur que c'est plus facile quand on est entouré, quand on est soutenu, ça donne aussi des raisons de faire les choses.
Enfin, du coup, je suis en train de me dire, que c'est comme s'il essayait de me rendre dépendant affectif, et que j'ai passé des années à essayer de lutter contre ça. Peut-être pour ça que je peux être parfois assez dur. Et du coup, une certaine méfiance aussi quand on s'approche trop près. Ou que j'ai l'impression qu'on attend trop de moi.

dimanche 18 novembre 2012

Peurs, ironie, autodérision

Être la nuit, tout seul dans le noir, sous la couette. Et tout d'un coup, il y a un monstre dans le placard. Commencer à s'imaginer tous les scenarii catastrophe. Et, à un moment, prendre son courage à deux mains. Se lever, s'approcher du placard, l'ouvrir. Et voir qu'il n'y a rien dedans. Revenir se coucher, mais le monstre est de retour. Se relever, retourner voir dans le placard, il n'y a toujours rien. Revenir se coucher, et rire. Rire de soi, rire de sa peur (ben je le savais bien qu'il n'y avait rien), rire destructeur de la peur, rire qui apaise, c'est bon, en fait il n'y a rien, même ma peur n'est rien. Rire qui renvoie le monstre, qui le fait disparaitre, qui l'annihile, le renvoie au néant. Et aussi, dans ce cas là, ce rien qui rassure, ce vide de danger, ce ouf, c'est bon, il n'y a rien, c'est pas grave. Je me suis fait peur sans raison. Parce que d'autres fois, il y aura bien une raison d'avoir peur, il faudra y faire face, être prêt à se battre, à rendre les coups, à esquiver, ou accepter quelque chose oui, il y a un monstre, oui il y a des choses moches dans la vie, non la vie ce n'est pas le pays des bisounours, le voir, le regarder droit dans les yeux sans détourner le regard, sans concession.
Ou bien, comme le dit Saint-Exupéry dans Terre des Hommes, "Une fois pris dans l'événement, les hommes ne sen effraient plus. Seul l'inconnu épouvante les hommes. Mais pour quiconque l'affronte, il n'est déjà plus l'inconnu. "

Les questions

Petit, je posais pleins de questions. Le fameux âge des "pourquoi?" Il parait qu'il a été très très développé chez moi. Mon père me dit des fois quand on en reparle que ça avait un coté amusant, parce qu'on voyait tout mon raisonnement se dérouler, parce que chaque réponse apportait inévitablement son lot de nouvelles questions, y compris parfois sur la réponse qu'on m'avait donnée. Ma sœur, qui a dix ans de plus trouvait ça un peu déstabilisant, parce que du coup, j'arrivais presque toujours à un moment où il n'y avait plus de réponse à me donner. Que ça pouvait lui donner l'impression d'être conne, avouons que face à un petit frère de dix ans de moins, ça peut faire bizarre.

Avec le temps, j'ai pu apprendre parfois à les taire, à les garder en moi, à rechercher la réponse tout seul. Avec le temps, j'ai appris à apprécier un "je ne sais pas" comme réponse. J'ai un peu réfléchi à ce que je répondrai le jour où des questions comme ça me seraient posées. Je trouve que le je ne sais pas, quand on ne sait pas, et il y a inévitablement des fois où on ne sait pas, reste quand même la meilleure réponse. Je me rappelle aussi de quelqu'un qui inévitablement à chaque question commençait par répondre "Chépa", et puis en général dans les deux trois secondes qui suivaient venait tout un tas de réponses, comme si le fait de ne pas savoir, de l'admettre, de le dire, libérait immédiatement les capacités de réflexion (si je ne me plante pas, elle lira ça). Je me rappelle c'est quelque chose que j'aimais beaucoup, d'aimer lire ces réflexions, d'aimer voir cette intelligence tourner, simplement, ces hypothèses se faire, ces réflexions se construire. Et en même temps, quelque part, une certaine humilité qui faisait que voilà, quand on savait pas on pouvait le dire, que ce n'était pas grave, que toutes ces questions, toutes ces réflexions, étaient une manière de se reconstruire, de dépasser un mal être, de trouver des solutions.

Je sais que parfois, un bah, je sais pas, j'avais envie, ou un non j'avais pas envie peuvent me paraitre être les meilleures réponses possibles. Comme dit un collègue, le meilleur moyen d'avoir toujours raison, c'est quand on ne sait pas, c'est dire qu'on ne sait pas.

J'aime bien les questions. Souvent, je trouve que la question en elle-même peut être beaucoup plus intéressante que la réponse. Une fois qu'on a la réponse, bon ben voilà, plus d'intérêt à la question. Faut trouver une autre question pour réfléchir. Quand on sait pas, ou qu'il n'y a pas une solution, on peut s'amuser à trouver tout plein de réponses différentes, même si on sait qu'au fond, ben il n'y a pas de vraie solution.

Parfois, j'ai l'impression que de ne pas se poser de question, que ne pas vouloir accepter que des fois on ne sait pas, que de ne pas essayer des fois de trouver quand même une réponse, ou que de se fixer une réponse comme étant la solution, alors qu'il y a d'autres possibilités, ça peut être se prendre soi-même pour un con.

En effet, je crois que se poser des questions, se remettre en cause, c'est aussi un moyen de s'ouvrir, d'augmenter sa tolérance aux choses, c'est accepter de pouvoir considérer une ou de nouvelles hypothèses, de se rendre compte qu'on peut voir une chose de plusieurs manières différentes, de s'ouvrir à de nouvelles interprétations. Celles-ci ne remettent pas forcément totalement en cause les premières, mais permettent je pense souvent de faire un certain tri, entre ce qui est lié à l'interprétation, et ce qui ne l'est pas, de se rendre compte, que selon la vision, l'interprétation que l'on choisira pour tel ou tel évènement, telle ou telle croyance, telle ou telle chose, on pourra la voir de pleins de manière différentes. C'est aussi, se rendre compte qu'à un moment l'interprétation que l'on fera de quelque chose, au delà de savoir si elle est bonne ou mauvaise, c'est tout simplement la notre, et qu'elle aura toujours au moins ce mérite là, que d'être la notre, que d'être sa propre interprétation, parfois "vraie",  parfois "fausse", mais toujours la sienne.  Je me rends compte, que ça peut aussi être quelque chose de relativement violent, en ce sens ça peut aussi être relativement enfermant, que ça peut amener à faire des choses que d'autres réprouveront, sans avoir de remord ou de culpabilité.

Ces temps-ci, je me rends compte de plus en plus, que trouver la bonne question, ça peut-être quelque chose de très déstabilisant. La question sur quelque chose auquel on n'avait pas réfléchi, la question qui dévoile un blanc dans la pensée, celle qui met en défaut une construction, celle qui vient remettre en cause une croyance bien ancrée, celles qui dévoilent le néant, celles qui détruisent les illusions, celles qui brisent les rêves, celles qui rappellent l'absence de sens de la vie, celles qui présentent une solution opposée, celles qui montrent les incohérences, celles qui montrent les absurdités, celles qui montrent les limites, celles qui refusent de tout prendre pour argent comptant, qui montrent une certaine défiance par rapport à ce qui peut être dit, par rapport aux autres, par rapport à des vérités qu'on voudrait nous asséner, nous faire croire, ou peut-être plutôt, parfois auxquelles les gens voudraient que l'on croit pour eux. D'ailleurs, une explication intéressante aux comportements fanatiques, est que justement à l'intérieur même des fanatiques, le doute subsiste, mais que ce doute n'étant pas accepté, ne correspondant pas à l'image qu'il se fait de la vie, à l'image de perfection que lui donne sa religion, sa croyance... Et donc de faire en sorte que l’extérieur soit une justification à sa croyance, parce que la moindre chose pouvant réveiller le doute devient insupportable.



 Toujours tout remettre en question, ça a un coté épuisant aussi, ça demande d'être en permanence sur le qui-vive, c'est rarement accepter une explication telle qu'elle nous est donnée, c'est toujours réfléchir à ce qu'il peut y avoir derrière, cela traduit aussi en fait une forme d'insatisfaction, de malaise par rapport à ce que l'on va nous donner, une recherche de cohérence, un besoin de tri.

samedi 3 novembre 2012

Besoin de ranger

Quand on me connait, en général, on sait que le rangement, le ménage, ce n'est pas nécessairement mon plus grand point fort. Encore que ça s'est nettement arrangé depuis que je suis dans mon nouvel appart. Enfin, jamais eu plus de trois jours de vaisselle non faite (à comparer aux mois de vaisselle non faite que j'ai pu avoir par moment dans une vie antérieure), je fais gaffe à mettre régulièrement un minimum d'ordre... Enfin, voilà, mais dans l'ensemble, en règle générale, avoir deux trois trucs qui trainent ne me gêne pas trop. Je dirais même que quelque part, ça fait partie de mon mode de fonctionnement, genre je fais un truc, je pense à autre chose, et je vais faire le truc auquel je viens de penser laissant le précédent en plan, pour éventuellement pouvoir le reprendre plus tard, ou enfin, je ne sais pas trop mais souvent, c'est un peu comme ça que ça se passe. Du coup, il y a des choses qui peuvent trainer, trainer en longueur.
Bref, ce qu'il y a aussi, c'est parfois, en situation de stress, ou plutôt peut-être quand j'ai vraiment envie de bien faire ou de réussir quelque chose, je ressens le besoin de ranger. La première fois, c'était avant le concours pour rentrer en école d'ingénieur, la deuxième fois pour préparer les rattrapages de ma deuxième première année d'école. Mais pour les révisions du concours aussi. Enfin, je suis en train de remarquer que c'est un indicateur aussi de ma motivation à faire quelque chose. Que quand j'ai besoin d'avoir toutes mes ressources disponibles quelque part, j'ai besoin de ranger, ça évite d'avoir 20 000 trucs à penser en même temps, d'avoir 20 000 trucs qui tournent en permanence. Puis, ça limite les distractions, les sautes de pensée, les sautes d'univers quelque part.

Le non

Je sais que souvent, quand je dis non pour quelque chose, et qu'on veut essayer de quand même passer en force, ou en finesse, déjà dans ma tête généralement, je vais trouver tous les subterfuges adéquats pour faire quand même ce que je veux, mais que si on commence à me faire chier là dessus, à me reprocher d'avoir dit non, ou de ne pas avoir voulu etc... à un moment, ma réaction sera claire et sans ambiguïté : la personne en face pourra juste aller se faire foutre, si elle n'est pas contente, c'est pareil, tant pis pour elle. Et en règle générale, je n'aurai pas le moindre regret ou remord par rapport à ça, même si ça me fait mal, ou ce n'est pas forcément ce que je voulais, (c'est quelque chose que j'aurai en règle générale déjà pesée avant d'y arriver). Et puis, c'est pas forcément ma pente naturelle d'aller dire non, puis je ne suis pas totalement un larbin, ou un pigeon non plus. Bon, je me suis rendu compte depuis que c'était pas forcément toujours ce que je voulais non plus. Mais, je suis en train de me dire que je projette peut-être un peu du coup, quand on me dit non pour quelque chose.